AU FOND DES BOIS.
La feuille frémissante au fond des bois murmure.
— « Pensive et recueillie, ange, viens l’écouter,
« Comme l’ombre descend sur la verte ramure,
« Sur tes yeux descendra ta paupière si pure ;…
« Viens, c’est la voix du ciel que l’on entend chanter. »
La feuille frémissante au fond des bois murmure.
— « Avec toi pour compagne, oh ! j’aime à l’écouter,
« Vierge au divin profil, à la chaste figure.
« Je vois passer en toi l’âme de la nature…
« Viens, c’est la voix du cœur que l’on entend chanter. »
La feuille frémissante au fond des bois murmure.
— « Oh ! ma main dans ta main je voudrais l’écouter.
« De la peur de te perdre, hélas ! je me torture…
« Sens mon front, comme il brûle !… amie, oh ! je t’assure…
« C’est la voix de l’amour que l’on entend chanter. »
La feuille frémissante au fond des bois murmure.
Quelle oreille à présent pourrait les écouter ?
Ils se taisent tous deux sous la feuillée obscure.
Au silence parfois le bonheur se mesure…
Ils pleurent… quelle voix entendent-ils chanter ?…
La feuille frémissante au fond des bois murmure.
DEVANT L’ÂTRE.
Dans l’âtre en flamboyant le gai sarment pétille.
— « Allons nous réchauffer à sa douce chaleur.
« Approchons notre main de la flamme qui brille :
« Tu fus jeune garçon, moi je fus jeune fille ;…
« Mais nous ne sommes plus, hélas ! dans notre fleur ! »
Dans l’âtre en flamboyant le gai sarment pétille.
— « Je me souviens encor de ma verte chaleur,
« Quand je faisais la cour à ma Louison gentille.
« Je me souviens surtout d’un soir sous la charmille ;…
« Louison, t’en souviens-tu ?… je te pris une fleur. »
Dans l’âtre en flamboyant le gai sarment pétille.
— « Oui, méchant amoureux. Ma mère, avec chaleur,
« Veut savoir quelle main a froissé ma mantille…
— « Et, d’un bond, je surviens pour calmer la bisbille,
« Et m’offre, triomphant, pour remplacer la fleur. »
Dans l’âtre en flamboyant le gai sarment pétille.
Et le couple vieilli, ravivant sa chaleur,
Échange, tout joyeux, un baiser de famille,
Et sourit au marmot, qui du berceau babille,
Bouton que Dieu fait croître et qui deviendra fleur.
Dans l’âtre en flamboyant le gai sarment pétille.
On a voulu, dans ces quatre pièces d’une forme assez neuve, présenter d’une manière neuve aussi les quatre phases de l’année, symbolysées et dramatisées dans l’amour différent de quatre couples : — amour jeune et fantasque, Printemps ; — amour coquet et ardent, Été ; — amour tendre et mélancolique, Automne ; — amour vieilli et tempéré, Hiver.