Page:Fertiault - La Nuit du génie, 1835.djvu/27

Cette page a été validée par deux contributeurs.

La brume imprégnait tout de son haleine humide
Et l’aube allait bientôt joindre un jour à nos jours
Que Jule, heureux, rêvait et méditait toujours.
Il n’avait pas bougé, tant la voix du génie
Peut verser de chaleur dans une ame ravie !
Mais, tout-à-coup, il sent le souffle du matin
Qui reposait, glacé, sur le nu de son sein.
Il soupire ; et déjà, de sa main qu’il soulève,
Semblant s’interroger lui-même sur ce rêve
Et jetant des regards étonnés en tous lieux,
Il parcourt et son sein, et son front, et ses yeux ;
Ses yeux… où sont des pleurs, sainte et douce rosée
Qui vient nous rafraîchir quand l’ame est apaisée.
Cette main les rencontre ; il sent qu’il a pleuré
Et de son froid sommeil alors il est tiré.

Il ne se passa rien qui puisse vous surprendre.
Sa couche l’attendait ; vous l’eussiez vu s’y rendre,
Pour mieux se réchauffer, s’y tout ensevelir
Et comme un autre jour, s’étendre et s’endormir.