Page:Fertiault - La Nuit du génie, 1835.djvu/20

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Chagrins, soucis cuisans, à son cœur survenus
Loin de tous vos plaisirs qu’il n’a jamais connus ;
Dites, doit-il souffrir quand le dédain le tue ?
Répondez, souffre-t-il quand, passant dans la rue,
« Le voilà ! » dites-vous et, le montrant du doigt :
« Il n’a rien fait encor de tout ce qu’il nous doit ! »
Car vous n’attendez pas. Vous notez d’impuissance
Toute main qui languit et tout cerveau qui pense,
Comme si, dans ce monde où tout doit nous coûter,
L’homme pouvait produire avant de méditer !

Que prompt autour de vous votre regard se jette.
Voyez-vous ces tableaux sur lesquels il s’arrête ?
C’est toi qui les fis naître, ô jeune amant des arts !…
Mais, que vois-je ? couleurs, toiles, pinceaux épars ?
D’un désordre récent tout retrace l’image.
Tristes instans, que ceux où tombe le courage !
Il vient de les sentir ; et ses pensers aigris
Laissent ses pieds fouler ces pénibles débris,
D’innombrables dessins la muraille est tendue.