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LA MATIÈRE ET L’ÂME

Oh ! oui, la foi manque à vos « lyres, »
La force manque à votre orgueil.
Le jet pur manque à vos « délires, »
Le vrai soleil manque à votre œil.
Votre muse fait trop toilette ;
Tous les trésors de sa palette
Ne sont que des demi-trésors :
Les êtres que votre art façonne
Ont bien le reflet qui rayonne…
Mais qui rayonne du dehors. —

Oh ! si quelque verve puissante
Pouvait rapprocher ces deux sœurs :
Ici, la couleur saisissante,
Là, le souffle cher aux penseurs !
Ici, tout l’ornement fragile,
Le cadavre pétri d’argile,
L’enveloppe sans son milieu ;
Là, l’éblouissante lumière
Donnant la vie à la poussière…
Travail d’homme achevé par Dieu !