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LA MATIÈRE ET L’ÂME

Vous nous peignez vos jouissances,
Vos délices et vos bonheurs
Comme des gens las d’impuissances
N’ayant pu graviter ailleurs.
Loin des hauteurs inoccupées,
Des esprits aux ailes coupées
Semblent emprisonner vos airs ;
Leur groupe, qui vous environne,
Fait tomber sur votre couronne
Le vent mortel des chauds déserts.

« Pourquoi toujours le corps sans l’âme, »
Ciseleurs au hardi dessin ?
« La matière, hélas ! sans la flamme ?
L’argile où manque le feu saint ? »
Serait-ce, incomplets Prométhées,
Que vos rimes sont des athées ?
Que votre esprit se cloue au sol ?
Que, dans vos plus splendides fêtes,
Vous n’avez de ciel sur vos têtes
Que l’azur bornant votre vol ?…