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LA MATIÈRE ET L’ÂME

Vous adorez surtout, poètes,
La femme, étincelle de Dieu ;
Mais les beautés que vous lui faites
Ne sont pas celles du haut lieu.
Loin d’y voir de chastes chrétiennes,
Vous n’y voyez que des païennes
Vous étalant leurs beaux corps nus,
Des courtisanes, des bacchantes,
Qui, dans leurs caresses ardentes,
Se donnent aux premiers venus. —

Vous détachez leurs chevelures
Tombant sur leurs dos potelés,
Et leur nouez d’amples ceintures
Dans ces flots si bien déroulés ;
Puis, cachant leurs blanches épaules
Sous la charmille ou sous les saules,
Vous laissez le soleil gravir,
Tandis qu’à l’ombre parfumée,
Devant la belle et folle aimée
Vos yeux n’ont plus qu’à se ravir.