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INTRODUCTION

et nous croyons fermement que le feu couvert dans son cœur ne manque que d’une haleine pour se rallumer. On a vu de miraculeuses repentances, grosses de vertus, et des trépas capables de résurrections. D’ailleurs nous avons besoin de la Poésie, même la plus rampante, puisqu’elle fait encore contraste avec l’obscène Réalité. Donc, nos regrets, loin d’exhaler un blâme, ne sont qu’un témoignage de compassion et d’espérance ; et notre amour ardent pour la pauvre pécheresse délaissée fait déjà rayonner à nos yeux toutes les splendeurs du trône que ses remords lui auront un jour reconquis.


Puissions-nous vite y arriver à ce jour tant désiré, où la Poésie moderne, tantôt si attrayante de forme et de couleur dans sa nudité à peine voilée, tantôt si coquettement vêtue de sa robe d’organdi, ou somptueusement drapée dans son manteau de cour, remplacera sa piquante grimace, à la fois prétentieuse et maniérée, mais trop souvent lascive, par le chaste et doux sourire, ou par le regard majestueux qui au-