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Et tu devrais rougir d’avoir eu ce soupçon.

Il fallait.... mais qu’importe, après tout ? Eh bien ! non,

Je ne souffre pas seul, non 5 ma tête brisée

A vu sur d’autres fronts son horrible pensée ;

Mes frères.... ce sont ceux qui souffrent avec moi !

Mes frères, Maria ! — Mon trouble, mon effroi,

Tous les soucis cuisants qui m’ont jusqu’à cette heure

Lentement poursuivi dans ma triste demeure,

Tous mes chagrins, mes maux et ces moments d’ennui

Qui me faisaient lever au milieu de la nuit

Et chercher du repos dans les lieux solitaires ;

Tous mes tourments, enfin, ils étaient pour mes frères :

Car, si tu veux qu’ici j’abaisse ma fierté,

Ce qui me fait souffrir, c’est notre pauvreté !

Oui, Maria, c’est là le malheur de ma vie ;

De ce penser hideux j’ai l’âme poursuivie ;

Je maudis chaque jour Odile et son château....

Que devenir, dis-moi ? nous sommes nés trop tôt ! »