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Qu’est-ce qu’un changement de Constitution y apporterait ? Est-ce que les républicains dont je parle, ces révisionnistes impénitents avec lesquels il faut bien compter, car ce ne sont pas les premiers venus, font autre chose et tiennent, au fond, un autre langage que les monarchistes, quand ceux-ci disent au pays : « Vous avez des difficultés de toute espèce, rien ne va, l’agriculture souffre, vous vendez mal vos denrées, vos relations avec l’étranger sont mauvaises ; prenez mon roi, prenez mon ours et tout sera résolu ?» (Rires et applaudissements.)

Ces républicains commettent absolument le même sophisme. C’est qu’il est, en effet, beaucoup plus facile de crier : Révision ! révision ! Constituante ! que de faire de bonne politique financière, de bonne politique économique et de bonne diplomatie !

Si, du moins, cette thèse révisionniste était faite pour les distinguer, pour les mettre à part ! Mais elle ne peut que les confondre, — et les confondre dans je ne sais quelle tourbe qui crie, venant de tous les coins de l’horizon politique : « Révision de la Constitution ! » ce qui veut dire : » À bas la Répupublique ! » (Bravos et vive adhésion. )

Messieurs, il est toujours délicat de juger des hommes distingués, sincères, éloquents. Mais véritablement, quand je vois des républicains consentir à jouer le rôle d’appoint, — car ils ne sont qu’un appoint dans ce mouvement révisionniste, qui est un mouvement monarchique, réactionnaire et clérical, — à jouer, dis-je, le rôle d’appoint, dans cette bruyante clameur qui s’élève, non pas contre la Constitution,