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à la municipalité de Versailles l’honneur de fêter la date immortelle du 20 juin, dans un pélerinage à cette salle du Jeu de Paume que plus d’un de vous, sans doute, voudra revoir, comme on visite l’ombre des ancêtres et le témoignage vivant de leur grandeur et de leurs services. (Oui ! oui ! Très bien !)

Le 17 juin 1789.

Mais la date que nous célébrons aujourd’hui ne le cède à l’autre, ni par la grandeur morale, ni par l’importance historique. Il y a aujourd’hui cent ans, messieurs, que les Communes de France, c’est-à-dire le Tiers-État, las d’attendre les ordres dissidents, pénétré, à la suite d’un mois de patience et de vains efforts, du sentiment de son droit et de sa mission, adopta la motion de Sieyès et, repoussant toutes les qualifications ambiguës ou transactionnelles, se proclama Assemblée nationale. (Applaudissements et bravos.)

Messieurs, de ce jour la Révolution était faite, le câble était coupé, comme avait dit Siéyès, et ce grand siècle commençait, un des plus grands assurément que l’humanité aura connus — car il n’en est pas qui ait répandu dans le monde plus d’idées nouvelles ; il n’en est pas qui ait fait germer plus d’espérances ; il n’en est pas qui ait consacré avec plus d’éclat la conquête de la nature par la science humaine ; il n’en est pas qui ait mêlé, dans de plus gigantesques proportions, les grandeurs aux misères et les