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gloire, tout ce mouvement d’esprit, toutes ces tombes qui marquent la route du progrès, tout ce patrimoine intellectuel et moral, dont nos pères nous ont transmis le glorieux héritage, tout cela, messieurs, n’aurait servi qu’à préparer, par une action en quelque sorte providentielle, la plus abjecte des abdications dans les mains du dernier des aventuriers… (Vifs applaudissements.)

Sans excuse d’aucune sorte, ni de danger du dehors, ni de péril intérieur, ce grand pays de France, qui a voulu être libre et qui est à l’heure qu’il est le plus libre de tous les peuples, ce grand pays de France, qui manifeste à l’heure où nous sommes, avec un éclat si inattendu, sa vitalité extraordinaire, ce grand pays, n’ayant plus soif que de honte, ne songerait plus qu’à se coucher aux pieds d’un maître.

Messieurs, cela n’est pas possible, cela ne sera pas ; on calomnie la France, on escompte trop vite la sottise humaine. Il n’est pas possible, messieurs, que ce siècle, inauguré par des héros, finisse dans les mains des fantoches. (Vifs applaudissements.)

Je vous en atteste tous, compagnons de nos luttes politiques ; que nous avons toujours trouvés depuis vingt ans au premier rang, pour défendre la liberté et la République, j’en atteste ces jeunes gens, que les retours offensifs du césarisme ont tirés de leur inaction et lancés avec nous dans la vie publique ; je vous atteste aussi, morts illustres que nous célébrons aujourd’hui, j’en atteste votre mémoire et vos exemples, cette honte est impossible, car il y va non