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Ce sont ces mécomptes, messieurs, que nous voulons éviter. C’est parce que nous avons conscience du caractère actuellement irréductible de cette puissance morale et de l’impuissance relative des moyens de discipline et de coaction dont le pouvoir civil dispose vis-à-vis d’elle, que nous avons eu la tentation de rechercher s’il n’y aurait pas une autre solution que la guerre à outrance, la guerre éternelle, la guerre sans trêve avec le catholicisme.

Messieurs, la guerre n’est pas un système de gouvernement. On ne fait généralement la guerre que pour avoir la paix. (Rires approbatifs.) Quant à nous, nous ne nous sentons en aucune façon investi par nos électeurs du mandat de faire la guerre à quelques croyances que ce soit.

Les gouvernements ne sont pas institués pour faire la guerre, ils sont institués pour faire régner la paix et la justice. (Applaudissements.)

On nous dit : « Prenez le glaive de la loi et réduisez l’Eglise à l’obéissance. » Mais, messieurs, c’est ce que nous avons fait, nous sommes tout prêt à le faire quand cela sera nécessaire. (Nouveaux applaudissements.) Mais l’obéissance obtenue par des rigueurs fiscales, disciplinaires, par des suppressions de traitement, par exemple, — une arme dont nous avons beaucoup usé, beaucoup plus que ceux qui en parlent aujourd’hui ! — ce n’est pas là, messieurs, un état normal, c’est un état de lutte et de combat. Je crois que l’on pourrait arriver à autre chose, et je ne me fais aucun scrupule d’appliquer à une situation difficile, qui tient à la coexistence, dans notre société,