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Reprenez votre œuvre, achevez-la ; c’est facile, cela peut être fait immédiatement. Prenez pour base de vos délibérations la loi de 1848. Je ne vous la donne pas pour une loi parfaite ; elle a besoin d’être amendée, mais l’entreprise n’est pas difficile.

Nous ne vous recommandons pas là une législation dont nous soyons particulièrement amoureux ; elle a fonctionné souvent d’une façon pénible et douloureuse pour le parti auquel j’appartiens.

De 1848 à 1852, la répression du jury a été très dure en matière politique ; tout le monde ici l’a reconnu : notre préférence pour la loi de 1848 est donc parfaitement désintéressée. (C’est vrai ! c’est vrai ! à gauche.)

Messieurs, on tournera longtemps autour de cette loi, on cherchera un procédé meilleur ; on ne trouvera pas mieux que la loi de 1848 modifiée.

C’est l’approximation du bien qui doit être le dernier terme de l’ambition du législateur : car le bien parfait, en matière de législation, n’existe pas sous le soleil. (Vives marques d'approbation à gauche. )

L’amendement fut rejeté par 139 voix contre 83, sur 222 votants.



Discours sur l’égalité d’éducation



Par une sorte de pressentiment qu’on observe souvent chez les hommes doués d’une volonté vigoureuse, M. Jules Ferry avait, dès son entrée à la Chambre, donné à sa vie politique un objectif que la destinée lui a permis d’atteindre. Dès le 10 avril 1870, dans une conférence populaire, faite à la salle Molière, au profit de la Société pour l’instruction élémentaire, le futur organisateur de l’enseignement du peuple, le futur grand-maître de l’Université, disait : « Quant à moi, lorsqu’il m’échut ce suprême honneur de représenter une section de la population parisienne dans la Chambre des députés, je me suis fait un serment : entre toutes les questions, entre toutes les nécessités du temps, entre tous les problèmes, j’en choisirai un auquel je consacrerai tout ce que j’ai d’intelligence, tout ce que j’ai d’âme, de cœur, de puissance physique et morale : c’est le problème de l’éducation du peuple. » Nous croyons intéressant de reproduire cette conférence, dans laquelle M. Jules Ferry a tracé, pour ainsi dire, les grandes lignes du programme dont il a si ferme-