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III


Quoiqu’ils fussent écrits sous différents pseudonymes, ces premiers romans créèrent des relations littéraires à Balzac, et lui donnèrent un commencement de notoriété.

Cette situation naissante lui ouvrit le salon de Sophie Gay.

Cette femme d’esprit occupait un entresol, rue Gaillon, où, aidée de sa fille Delphine, elle recevait deux fois par semaine une partie des célébrités littéraires, artistiques et politiques de l’époque. C’était un salon où l’on faisait de l’opposition au gouvernement des Bourbons.

Sophie Gay, par ses antécédents, appartenait à la Société du Directoire, au monde de l’Empire. On causait donc beaucoup chez elle. Les beaux parleurs de son salon s’appelaient de Jouy, Béranger, Arnault (l’auteur de Sylla), Benjamin Constant, Pagès (de l’Ariège), — un publiciste oublié ; — quelquefois Spontini, l’auteur de la Vestale, et bien d’autres, tombés dans l’oubli.

Pendant la soirée, des intermèdes de poésies coupaient les causeries.

Madame Desbordes-Valmore, ou Delphine Gay récitait des vers sonores, vibrants, en l’honneur de