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FRANCISQUINE.

Dois-je vous croire, et cette ardeur est-elle vraie ?

GAUTHIER.

Essayez ! il n’est point d’épreuve qui m’effraie ;
Et je souscris d’avance à tous vos vœux, à tous…
— Hormis l’ordre pourtant de renoncer à vous !

FRANCISQUINE.

Pour celui-là, n’ayez crainte qu’on vous le donne !

GAUTHIER.

Vous êtes, Isabelle, un ange !

FRANCISQUINE.

Vous êtes, Isabelle, un ange !Je suis bonne,
Pas plus ; et ne puis voir — sans un peu de retour —
Un gentil cavalier me supplier d’amour.

GAUTHIER.

Ah ! quel baume enchanteur vous me versez dans l’âme !
Quelle ivresse !

FRANCISQUINE.

Quelle ivresse !Là ! là ! — Voyez comme il s’enflamme !

GAUTHIER.

Vous m’aimez… n’est-ce pas le paradis ?

FRANCISQUINE.

Vous m’aimez… n’est-ce pas le paradis ?Tout doux !
Le paradis… fermé ! — La porte a des verroux,
Et certain gardien, qui n’est rien moins qu’un ange,
Fait sentinelle auprès, armé d’un glaive étrange.

GAUTHIER.

Tabarin !…

FRANCISQUINE.

Tabarin !…Tabarin — farouche — défiant,
Sombre — avec son bâton pour glaive flamboyant,
Et qui, sur un soupçon, nous ferait l’avanie,
Ami Gauthier, de nous rosser de compagnie.

GAUTHIER.

Aimez-moi, je vous aime, et nargue le danger !
Je serai près de vous, prompt à vous protéger ;