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GAUTHIER.

L’imprudent ? — Que nenni ! j’ai vu sortir le maître,
Et même j’ai — non sans maugréer dans mon coin —
Attendu pour entrer qu’il fût déjà bien loin.
Vous êtes seule…

FRANCISQUINE.

Vous êtes seule…Mais…

GAUTHIER.

Vous êtes seule… Mais…Seule. Pas de défaite !
Je le sais : la cachette est sûre d’où je guette,
Et je fais bonne garde, et j’ai de bons yeux ! Or,
J’ai vu sortir aussi le valet et Mondor…

FRANCISQUINE.

Fort bien ! Vous m’épiez…

GAUTHIER.

Fort bien ! Vous m’épiez…Vous ?
— non ! Les autres… l’autre.
Leur présence me chasse, et je cherche la vôtre,
Et je passe mes jours entiers, tout près d’ici,
À guetter un moment doux comme celui-ci.

FRANCISQUINE.

C’est pour un écolier un utile exercice !

GAUTHIER.

Vous vous moquez ?… Raillez, si c’est votre caprice !
Mais pour me renvoyer à l’école, voilà
Beaux jours que j’ai jeté mon bonnet par delà !
Et qu’y ferais-je, avec cet amour qui me brûle,
Qu’attraper des pensums et des coups de férule ?
Dans le trouble où je suis, pourrais-je en vérité
Retrouver sur ses bancs quelque lucidité ?
Et fussé-je d’ailleurs d’une ignorance extrême,
N’en sais-je pas assez, sachant que je vous aime ?

FRANCISQUINE.

Amour de jouvenceau — feu de paille !

GAUTHIER.

Amour de jouvenceau — feu de paille !Non pas !
Non, je suis bien à vous, et jusques au trépas.