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TABARIN.

Tabarin !… Tabarin !…Eh ! non ! c’est l’heure
Du spectacle ! et le lâche est moi seul ! — moi qui pleure !

Il remonte vivement sur le théâtre. S’efforçant de rire et finissant son couplet par des sanglots.

Eh bien ! donc, me voici, maître ! Que me veux-tu ?
Un préambule ?… une ode ?… un conte ?…
un impromptu ?
— Quelque joyeuseté, prologue ou gaillardise ?
Je tiens de tout cela ! — Veux-tu que je te dise
Mon « célèbre procès contre un moulin à vent
Sis près la porte Saint-Antoine, par devant
Un groupe de meuniers réunis en conclave ?… »
Ordonne à ton valet ! commande à ton esclave !
Je t’appartiens ! je suis ta chose, ton hochet !
Et puisque de me voir en larmes te fâchait,
Mon doux maître, veux-tu maintenant que je rie !

ALYSON.

Le pauvre homme. — J’en ai l’âme toute attendrie !…

TABARIN.

Oyez donc mes « adieux aux bons vins, bons repas,
Et fins morceaux » — mais non, là ! vrai ! je ne peux pas !
J’étrangle ! J’ai le front comme un foyer de forge…
Et mes joyeusetés m’étreignent à la gorge !…
Ayez quartier !… Ce n’est point ma faute… on le voit…
Je ne peux pas ! Mon Dieu ! prenez pitié de moi !

Il tombe dans les bras de Mondor.

Scène V

Les Mêmes, puis NICAISE et FRANCISQUINE.
LE PEUPLE.

Assez ! Assez !

DES VOIX, dans la coulisse, à droite.

Assez ! Assez !Victoire ! On les tient ! La coquine !