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LE PEUPLE.

Bravo !…

TABARIN.

Taisez-vous ! ce n’est plus un rôle que je joue,
Et les pleurs sont trop vrais qui roulent sur ma joue !
Car cette femme, qu’on m’a prise, était mon bien —
J’étais son serviteur — son esclave — son chien —
Et vous ne voulez pas que mon cœur se déchire ?…
— Si le hasard vous fit témoins de mon martyre,
Laissez qu’à ma douleur je m’abandonne en paix !
Le malheur qui me frappe a droit à vos respects.
— Et toi, viens, ami, viens, car ma raison s’égare !…

Nicaise sort par le fond du théâtre. — Tabarin descend le petit escalier en chancelant. — Mondor est resté sur le théâtre pour apaiser l’orage.
LE PEUPLE, qui a écouté avec stupeur le couplet précédent, murmure, puis crie, et se fâche.

La pièce ! Tabarin !

MONDOR.

La pièce ! Tabarin !Dieu ! ce peuple est barbare !

LE PEUPLE.

Tabarin !

TABARIN, en avant du petit escalier, hors de vue pour le peuple.

Tabarin !Qu’est-ce donc ?

LE PEUPLE.

Tabarin ! Qu’est-ce donc ?À bas le rustre !.. à bas !..

TABARIN.

À bas le rustre !.. Ah ! ciel vengeur ! je n’ai donc pas
Ce droit-là, de crier sous le coup qui me tue ?….
J’appartiens à la foule, et la foule me hue
S’il m’arrive — dans ma douleur réfugié —
D’oublier quelle chaîne est rivée à mon pié !…

LE PEUPLE.

Tabarin !… Tabarin !…

MONDOR.

Tabarin !… Tabarin !…Lâches !…