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TABARIN, s’enfermant dans le tonneau.

C’est l’instant ! viens ! Eh ! eh ! le drôle a de la flamme !

GAUTHIER, avec sincérité.

Viens-t’en !… car je me sens mal à l’aise — et je voi
Le regard paternel toujours fixé sur moi —

Faisant un effort pour allier sa situation personnelle à la situation du matamore.

Viens, Isabelle, avant que l’on ne nous sépare,
Fuyons ! l’heure est propice, et l’occasion rare,
Et, contre les périls dont je crains le retour,
La fuite seule peut abriter notre amour.
Il l’entraîne hors du théâtre, par le petit escalier à droite.

LE PEUPLE.

Bravo !

GAUTHIER, au pied de l’escalier, montrant la droite, hors de vue pour le peuple. — Avec sincérité.

Bravo !Hâtons-nous !

ISABELLE[1], sur la dernière marche de l’escalier.

Hâtons-nous !Quoi ?… que voulez-vous encore ?…

GAUTHIER, arrachant sa fausse moustache et jetant son chapeau à plume.

Fuir ! ça n’est plus l’acteur, c’est l’amant qui t’implore.

TABARIN, sortant la tête de son tonneau. Mondor en fait autant par moments.

Holà ?…

GAUTHIER.

Holà ?…Fuir tous les deux par l’ombre secondés !…

ISABELLE.

C’est une trahison que vous me demandez !…

GAUTHIER.

Qu’importe ? il faut choisir. Adorée ou battue,
Choisis ! — Viens avec moi, cruelle ou je me tue !

ISABELLE.

Gauthier !

  1. Tabarin, dans son tonneau, Mondor dans le sien, Francisquine, au pied de l’escalier à droite, Gauthier à l’extrême droite.