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FRANCISQUINE.

— J’ai tout entendu.Bon ! la querelle éternelle !
N’y pensons plus… parlons plutôt de nos amours :
Gauthier, j’ai le moyen de nous voir tous les jours,
— Tout le jour — sans que nul s’en étonne, ni gronde
— Devant tous, et le plus effrontément du monde.

GAUTHIER.

Oh ! faites !.. car vous voir est mon premier souci !
Et tenez… quelquefois il m’arrive ceci
— Lorsqu’à guetter en vain le jour entier s’écoule,
Ou que je viens, tremblant et perdu dans la foule,
Vous adorer de loin, reine de ce tréteau,
— Il m’arrive — tenez — d’envier ce rustaud,
Ce malheureux valet qu’on gouaille et qu’on rosse,
Et je ne sais vraiment — tant mon sort est atroce —
Si tous les coups de pied qu’il faudrait recevoir
Seraient payer trop cher l’ivresse de vous voir !

FRANCISQUINE.

Eh bien, le ciel vous sert à plaisir, car la chose
Que j’avais préparée et que je vous propose…

Entendant venir Mondor sur le théâtre.

Mondor !.. Laissez-moi faire, et dites comme moi !

Elle fait passer Gauthier à l’extrême droite.

Scène V

Les Mêmes, MONDOR, NICAISE[1].
MONDOR, sur le petit théâtre.

Tu veux rire ? jouer les matamores, toi ?…
Quelle aberration d’un cerveau rétrograde !

NICAISE, suivant Mondor.

Je suis ambitieux ! je veux monter en grade,
Être comédien pour de bon, s’il vous plaît,
Et quitter cet emploi dégradant de valet !

  1. Mondor, Nicaise, Francisquine, Gauthier.