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Mettre la griffe sur mes droits,
Et n’en faire qu’une bouchée ?..
— Point ! Je les défends… mordicus !
Je suis mauvaise, et je me venge.
C’est le poids de leurs fers qui fait les Spartacus !
Je ne suis point de ceux qu’on emporte et qu’on mange
Sans autre forme de procès —
Et dans le Praticien français
Choisissant, pour servir ma haine,
Les moyens les plus tapageurs,
Par huissier, et dans la huitaine,
À ces fins de briser ma chaîne
— Comme un malfaiteur — je vous traîne
Devant les tribunaux vengeurs !
Un bon procès, puisqu’on m’y force,
En séparation de corps ;
N’ayant qu’un regret — vu vos torts —
Qu’on ait aboli le divorce !
Un bon procès ! En tapinois,
C’est l’embûche que je vous dresse,
Et vous aurez à faire à maître Ducanois !
— C’est une amie à nous qui m’a donné l’adresse :
Dans un cas… tout pareil au mien,
Il a — jadis — plaidé pour elle,
Et comme il a gagné sa cause, on pense bien
Qu’il s’est acquis par ce moyen
Sa reconnaissance éternelle.
À mon tour, hélas ! j’en appelle
À ses talents, ayant dans le cœur cette foi
Que ce qu’il a fait pour elle
Il le va faire pour moi !
— Plaider !.. et contre Hector !.. où me vois-je réduite ?
Et qui m’eût dit, le jour qu’Hector reçut ma main,
Quel pitoyable lendemain
À ce jour heureux ferait suite ?