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LE SYMBOLISME ETC.

logie. Il existe toujours une correspondance entre l’étal intellectuel et le système de symboles employés pour exprimer ces idées : or, comme chez les criminels un système de signes primitifs correspond à un état mental en partie primitif et grossier, de même chez les fous un système de symboles délirants correspond à un état délirant des idées. — C’est pour cela que les fous se servent rarement des signes ordinaires de l’écriture, et ne se contentent pas, comme les criminels, de la pictographie ; ils inventent des signes particuliers, et les mêlent aux figures, aux paroles, aux lettres alphabétiques, en créant une écriture bizarre très difficile à comprendre et qui suffit à elle seule pour démontrer le désordre de leur esprit. Ainsi un certain Ga…, atteint du délire des grandeurs, qui fut étudié par M. Lombroso, adressait sans cesse des ordres, des lettres de correspondance et des lettres de change au soleil, à la mort, aux autorités civiles et militaires, se servant d’un système spécial de symboles graphiques qui était composé de lettres majuscules, mêlées à des figures et à des signes indiquant les personnes et les choses ; les mots étaient séparés par un on deux points, et de chaque mot il n’écrivait que peu de lettres, en général les consonnes seules.

Mais l’exemple le plus curieux de ce symbolisme délirant, qui correspond à un état délirant des idées, nous est donné par une sculpture exécutée par un malade à délire systématisé, dont M. Morselli a donné une exacte description. C’est une petite statue en bois, sur la tête de laquelle est placé un trophée composé d’un certain nombre d’objets qui sont autant d’emblèmes exprimant les idées du sculpteur. Parmi ces objets il y a un en-