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LA RUINE

semblé avoir pris possession à jamais de l’État, il y avait encore, dans cette civilisation jadis si vivante et si vigoureuse jusque dans l’agonie, des forces intellectuelles et morales, capables de tenter une réaction désespérée. En dépit de la barbarie envahissante, les hautes classes ressentaient encore l’influence d’une culture trop ancienne, trop riche et trop grande, pour que ce qui en subsistait cessât de longtemps d’agir ; et elles comptaient encore des hommes de grand cœur et de haute intelligence. La réaction se produit en 268 : une conjuration de généraux mit Gallien à mort, et nomma, pour lui succéder, non pas cette fois un incapable ou un intrigant, mais le meilleur des hommes de guerre du temps, Claude. Claude surprit, non loin de l’antique Naissus (Nisch), le gros de l’armée ennemie, l’anéantit, et poursuivit le reste sans pitié ni trêve. Qui sait quel bien il eût pu faire, si la peste ne l’avait enlevé dès l’année 270 ? Mais