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DE LA CIVILISATION ANTIQUE

La ruine de la civilisation antique est donc l’effet d’une décadence lente due à des causes intérieures et d’un terrible accident qui, détruisant par un coup violent la clé de voûte de tout l’ordre légal, jette cette civilisation, déjà affaiblie par sa masse et par sa décadence intérieure, dans les convulsions du despotisme révolutionnaire. Cette terrible expérience mérite d’être méditée par notre époque, dont la crise rappelle par beaucoup de côtés celle du troisième siècle. Depuis un demi-siècle, la civilisation occidentale était affaiblie par la confusion croissante des doctrines, des mœurs, des classes, des races et des peuples ; par une espèce d’anarchie intellectuelle et morale qui avait gagné plus ou moins tous les milieux ; par l’effort épuisant du travail continuel, rapide et sans repos ; par la mobilité, devenue générale, de tous les éléments de la vie sociale ; par une sorte de fièvre universelle qui surexcitait les volontés