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LA RUINE

du moins aussi longtemps qu’une civilisation n’est pas totalement épuisée. Sans doute ce n’était pas la première fois, dans le monde antique, qu’un peuple restait comme suspendu dans le vide, après la chute des institutions qui l’avaient régi pendant des siècles. Mais, en général, les crises, bien que souvent ruineuses, avaient été circonscrites, parce que ces peuples étaient entourés d’États chez lesquels l’ordre légal n’était pas troublé, et où le pouvoir reposait sur un principe de légitimité solide. Le peuple en révolution pouvait toujours emprunter aux pays voisins ce principe de légitimité et le modèle des institutions qui reposaient sur lui, pour rétablir tôt ou tard son gouvernement. Si, chez un peuple, l’anarchie durait assez longtemps pour inquiéter ses voisins, il s’en trouvait toujours un, prêt à lui imposer par la force l’ordre qu’il ne savait pas s’imposer lui-même. C’est pour cette raison que les guerres de l’antiquité sont