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DE LA CIVILISATION ANTIQUE

préparée et aussi forte qu’elle fût, cette aristocratie, qu’avait formée l’élite de tant de provinces, n’échappa pas au sort commun. Peu à peu elle se désagrégea, en partie, comme toutes les aristocraties, par épuisement intérieur, et en partie parce qu’elle fut petit à petit décomposée par les philosophies et par les religions d’esprit universel qui agissaient du dehors sur elle. Le romanisme était une doctrine nationale et aristocratique, exclusiviste par conséquent ; une espèce d’armature dans laquelle un peuple et un État s’enfermaient pour se séparer du reste du monde. Il était donc en contradiction avec les philosophies et avec les religions universelles, telles que le stoïcisme et le christianisme, qui confondaient tous les hommes et tous les peuples dans un principe d’égalité morale, pour différent qu’il fût chez l’un et chez l’autre. Déjà affaiblie par l’épuisement intérieur et par l’action des philosophies et des religions universelles,