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LA RUINE

et faible à la fois, de l’époque des Jules-Claudiens que dans l’image solennelle et vénérable que Cicéron, Salluste, Horace, Virgile, Tite-Live avaient tracée de la vieille aristocratie romaine en la parant de si éclatantes couleurs. Car la grande littérature latine ne fut pas une distraction de riches seigneurs oisifs et curieux, mais l’organe le plus noble de la puissance romaine, le véhicule élégant qui propagea à la fois la connaissance de la langue latine, le goût des belles-lettres et les doctrines morales et politiques auxquelles l’aristocratie romaine croyait, chez les nouvelles élites qui de génération en génération se formaient dans les provinces de l’Occident et en Afrique, émergeant de la confuse égalité des vaincus. Élevées par des précepteurs latins, les générations nouvelles étudièrent les grands auteurs comme des maîtres non seulement de la forme, mais de la pensée et du sentiment ; elles grandirent ayant sous les yeux le merveilleux