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LA RUINE

connaît la source de son autorité dans le peuple et le parlement qui le représente ; la pairie héréditaire est abolie, le droit électoral est un peu élargi, tout en restant strictement censitaire. Le peuple, qui gouverne la France, est représenté par 200 000 électeurs. Mais la nouvelle conciliation ne réussit guère mieux que la précédente. La contradiction entre le caractère censitaire du suffrage et la doctrine de la volonté du peuple était encore tolérable sous la monarchie légitime. Celle-ci affirmait d’être l’autorité et ne reconnaissait à la volonté populaire qu’un rôle subordonné de collaboration, pour ainsi dire. Mais la monarchie bourgeoise au contraire n’était plus qu’une délégation du peuple, soumise au peuple qui l’avait créée par sa volonté. Pouvait-on reconnaître le peuple souverain dans une petite minorité de 200 000 possédants ? C’est entre 1830 et 1848 et par réaction à cette contradiction monstrueuse, que la doctrine