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DE LA CIVILISATION ANTIQUE

victimes ; car ceux-ci en étaient quittes par des pertes matérielles et des souffrances, tandis que les autres chargeaient leur conscience d’un péché dont il leur serait demandé le compte le plus sévère.

Cette conception du gouvernement mettait assez bien d’accord le devoir des chefs de bien commander, le droit des peuples d’être bien commandés et la nécessité d’une certaine tolérance pour les fautes des puissants. Mais aussi parfaite qu’elle fût, elle ne pouvait se maintenir que dans le cadre des idées religieuses alors dominantes. Elle commença à être ébranlée par la vague d’incrédulité, qui parcourut les classes dirigeantes de toute l’Europe après la guerre de Trente ans ; la guerre qui, en faisant ouvertement du catholicisme et du protestantisme des armes pour une grande lutte politique, fut la première grande école de scepticisme religieux pour l’Europe. Le dix-huitième siècle y opposa la conception philosophique et rationa-