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LA RUINE

milieu desquelles s’est formé peu à peu le dogme ainsi compris, il n’est pas difficile d’en expliquer la terrible ardeur. Que voulaient les grands fondateurs et défenseurs de l’orthodoxie ? Unifier et fixer les croyances sur la base de la révélation et des livres saints avec les forces de la pensée, surtout avec cet instrument particulier de l’intelligence qui est la dialectique. Mais la pensée est un des éléments les plus mobiles de l’univers ; et la dialectique un instrument puissant, mais très peu sûr parce qu’elle sait très bien servir toutes les passions, même celles qui sèment le trouble et le désordre dans les esprits et dans le monde. Déjà les philosophes grecs s’en étaient servis, plus pour détruire que pour soutenir les croyances et les traditions du monde ancien et pour leur substituer l’éternelle mobilité des passions et des intérêts, masquées par d’ingénieux sophismes. En outre si la pensée de l’homme répugne toujours à se sou-