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DE LA CIVILISATION ANTIQUE

était encore assez forte pour imposer aux barbares, rôdant sur les frontières, le respect du nom romain.

Cinquante ans plus tard tout cela est changé. La civilisation gréco-romaine agonise avec le polythéisme. Les dieux fuient leurs temples désertés et croulants, pour se réfugier dans les campagnes. Les aristocraties raffinées qui gouvernaient l’Empire avec tant de magnificence et de justice, et qui avaient édifié le grand monument du droit rationnel, ont disparu. L’Empire est la proie d’un despotisme tout ensemble faible et violent, qui recrute son personnel de fonctionnaires civils et militaires dans les populations les plus barbares de l’Empire. Les provinces d’Occident, y compris la Gaule et l’Italie, sont presque complètement ruinées. Les campagnes et les petites villes se dépeuplent ; ce qui reste d’hommes et de richesses va congestionner quelques grands centres ; les métaux précieux disparaissent ; l’agri-