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DE LA CIVILISATION ANTIQUE

théisme. En d’autres termes, Dioclétien remplaçait une merveilleuse civilisation, qui avait été pendant des siècles une unité vivante en ses organes divers, — religion, famille, État, culture intellectuelle, — par un système d’institutions qui, à part quelque souvenir historique persistant de la grandeur de Rome, n’avaient pas d’autre principe spirituel que le culte asiatique du Souverain-Dieu : principe trop nouveau et trop petit pour pouvoir animer une masse immense comme l’Empire. L’Empire demeure comme un grand corps avec une âme petite et faible, à la recherche d’une âme à sa taille. L’ordre, instauré par Dioclétien, était donc un ordre vide ; et dans cet ordre vide, deux courants contraires naissent et se développent. L’un tend à ressusciter, dans la paix rétablie, la culture antique, — littérature, arts, philosophie, religion, — grâce à ce qui en reste encore. Cette culture avait été si riche, si glorieuse,