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LA RUINE

génies aboutissait, au troisième siècle de notre ère, à la plus épouvantable crise d’anarchie et de désordre qui se fût jamais produite ; au despotisme violent et corrompu de la force brutale, dépouillée de toute autorité morale ; à la destruction de la civilisation la plus raffinée, à la nécessité de s’agenouiller devant un souverain asiatique comme devant un Dieu vivant, afin de sauver du vieux monde et de ses trésors ce qui pouvait être encore sauvé. L’esclavage monarchique, qui pendant tant de siècles était apparu à l’esprit gréco-romain comme le plus abject et le plus ignominieux que l’homme pût supporter, était la récompense du long effort des deux peuples les plus grands de l’antiquité pour créer l’État parfait ! Quelle est la civilisation qui, devant une pareille déception, n’aurait pas désespéré de soi et de l’avenir ?

Mais le christianisme sut, au contraire, tenir tête à cette catastrophe, qui sem-