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DE LA CIVILISATION ANTIQUE

ou aux Barbares, pourvu que l’État ne l’oblige à aucune impiété ou iniquité.

Il n’y a peut-être pas, dans l’histoire du genre humain, une tragédie comparable à celle-ci. Pendant dix siècles, la civilisation antique avait inlassablement travaillé à créer l’État parfait, sage, humain, généreux, libre, juste, qui ferait régner sur le monde la beauté, la vérité et la vertu. Cet État parfait avait été la suprême ambition de la Grèce et de Rome, de la Rome républicaine comme de la Rome impériale. Guerriers et hommes d’État, philosophes et orateurs, poètes et artistes avaient apporté le meilleur de leurs forces, pendant des siècles et des siècles, à cette œuvre immense. Aristide et Périclès, Scipion et Auguste, Platon et Aristote, Démosthène et Cicéron, Homère et Virgile, Horace et Tacite, Vespasien et Marc-Aurèle avaient été les collaborateurs de cette unique création. Et ce merveilleux effort de tant de siècles et de tant de