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Que vous êtes inconséquent !
Si toute la raison est à lui seulement,
L’homme est, pour nos défauts, forcé d’être indulgent,
Et tous les siens n’ont plus d’excuse.



FABLE XLIV.

LE HIBOU ET L’HIRONDELLE.


Mais, mon jeune voisin, vraiment vous êtes fou,
Disoit l’hirondelle au hibou,
Qui, dès l’aube du jour, rentroit dans sa masure.
Pourquoi donc fuir toute société
Et les beautés de la nature ?
Oh ! votre œil seroit enchanté
Du soleil et de la verdure,
Volez aux bois, aux prés, aux champs,
Venez nous voir, nous sommes bonnes gens,
Et votre solitude en paroîtra moins dure.
— Non, ma tristesse, mon humeur,
À tout le monde feroit peur.
Vous ignorez, repartit l’hirondelle,
Qu’à votre âge l’on peut changer,
Même en tout temps se corriger.
— Mais il faudroit chanter, et ma voix n’est pas belle.
Puis feu mon père a dit souvent :
Mon enfant,
Ne sortez que la nuit, ne volez qu’à la ronde,
Craignez, fuyez surtout les oiseaux du grand monde.
— Eh ! c’étoit-là, mon cher, le conseil d’un hibou.
Tenez, ma leçon est plus sage :