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Garde-toi d’approcher de sa dent meurtrière :
L’habitude du mal le rend facile à faire.
Ses crimes, mon enfant, sont trop longs à citer ;
Je m’attendrirois trop à te les raconter,
Et je t’affligerois peut-être.
Si ce vieux maître enfin n’est plus aussi méchant,
N’en sois donc pas reconnaissant,
Il n’a plus la force de l’être.



FABLE XXX.

MAHOMET ET LE PAUVRE HOMME.


Avec ferveur un pauvre musulman
Prioit et méditoit, jeûnoit le Ramazan ;
Il avoit orné sa mémoire
Des beaux passages du Koran,
Et du bien qu’il faisoit lui rapportoit la gloire.
Tandis que du prophète il relisoit l’histoire,
Sur un nuage d’or Mahomet descendit,
Et lui dit :
Je suis touché de l’ardente prière
Que tu m’adresses chaque jour ;
Tu mérites tout mon amour.
C’est pour récompenser ta foi vive et sincère,
Qu’un moment j’ai quitté les cieux ;
Oui, je viens t’assurer que tu seras heureux,
Parle, apprends-moi ce qui pourrait te plaire.
Si tu n’es qu’un ambitieux,
Je plaindrai tes dangers en exauçant tes vœux ;
Je te ferai muphti, visir, et sultan même.
Le bon dévot d’abord fort étonné,
Se rassurant un peu, dit : Je ne suis pas né