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Sans cesse partageant et tes maux et tes biens,
Dans tes bras, sans regret, j’achèverai ma vie.
Puisse, hélas ! la Parque ennemie
Finir mes jours avant les tiens !
Puisse l’objet de ma tendresse
Sur ma tombe verser des pleurs,
Et, pour consoler sa vieillesse,
Quelquefois y semer des fleurs !
Si jamais tu fais cet usage
De ces fleurs que je chérissois,
Souviens-toi que, dans mon jeune âge,
Par vanité je m’en parois :
Mais pour te plaire davantage.


RÉPONSE
À M. DE KÉRIVALANT.


Je vivois loin du monde et dans l’obscurité ;
Par vos vers au grand jour mon nom vient de paroître ;
Je n’avois plus de vanité ;
Ces jolis vers la font renaître,
Aux favoris des immortelles sœurs
Ah ! je ne portois plus envie ;
Elles vous comblent de faveurs,
J’en ressens de la jalousie.
Pour mettre fin à ce tourment
Qu’à mon âge chacun appelleroit délire,
Dès l’instant je brise ma lyre,
Et c’est en prose seulement
Que désormais je vais redire :
Dans la langue des dieux lorsque l’on veut écrire,
Il faut avoir votre talent.