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Ô mes enfans ! vous avez tort,
Dit le berger : sachez mieux vous connoître.
Comme parens ou comme amis,
Les animaux de votre espèce
Par vous sont toujours accueillis ;
Partageant avec eux abondance ou détresse,
Ensemble vous pensez, vous causez franchement,
Et vivez amicalement.
Pour le cours d’un ruisseau, pour un morceau de terre,
Vous n’avez ni procès ni guerre.
Notre sort est bien différent !
Ah ! plus que vous encor nous sommes misérables !
Car vos plus doux plaisirs viennent de vos semblables,
Et c’est de nos pareils que vient notre tourment.



FABLE XCI.

LA GÉNISSE ET SA MÈRE.


Pourquoi donc aujourd’hui sortons nous si matin,
Disoit une génisse en courant vers sa mère ?
Et même contre l’ordinaire,
Vous marchez un assez bon train.
— Ma fille, je vais voir la chèvre, ma voisine ;
Un loup, qui vient ici rôder à la sourdine,
Lui prit hier ses deux enfans ;
Voulant les arracher à la bête cruelle,
On dit qu’elle en reçut une atteinte mortelle,
Et je cours lui porter des simples restaurans.
— Quoi ! la chèvre du voisinage
Exciteroit votre pitié !
Déjà vous auriez oublié.