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aussi, beau d’une beauté divine. Son visage respirait la force et la santé. Sa taille gigantesque commandait le respect.

Le dieu, s’approchant des trois personnages, leur demanda d’une voix douce et sympathique quelle était la cause de leurs larmes et du chagrin dans lequel ils paraissaient plongés. Ce fut le vieillard qui prit la parole pour répondre :

— Noble voyageur, dit-il, nous ignorons qui vous êtes, mais votre sympathie nous émeut et nous touche. Je m’appelle Ashinazuchi ; ma femme se nomme Katazuchi, et notre fille que vous voyez là répond au nom de Inadahimé ; nous avons eu huit enfants depuis notre mariage et tous ces enfants étaient des filles. Celle que vous voyez là est la dernière qui nous reste.

Or, vous allez juger de notre malheur et connaître la cause de nos larmes. Tout près d’ici habite le monstre Yatama, le serpent à huit têtes, qui a trente pieds de long. Ce serpent vient tous les ans dans ces parages, et nous emporte chaque fois une de nos enfants qu’il dévore. Nos sept premières filles ont ainsi disparu l’une après l’autre, il ne nous reste plus maintenant que celle qui est devant vous.

C'est aujourd’hui que le monstre doit venir. Il viendra à la nuit tombante et nous emportera notre dernière enfant pour la dévorer. Voilà, noble voyageur, le récit de notre infortune, et le motif de notre chagrin.

— Braves gens, répond alors Susanoonomikoto,