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en tirer du feu : « Katchikatchi », fait le briquet. Le blaireau entend, et sans se retourner :

— Lièvre, demande-t-il, qu’est-ce qui a fait « Katchikatchi » derrière moi ?

— Ce n’est rien, répond l’autre. La montagne où nous sommes s’appelle Katchikatchi ; c’est son nom que tu as cru entendre !

Tout, en parlant ainsi, le lièvre a mis le feu au fagot du blaireau. La flamme en crépitant fait « Ka-pika ». Le blaireau demande encore :

— Qu’est-ce qui a fait « Ka-pika » derrière moi ?

— Oh ! ce n’est rien, répond le lièvre. La montagne où nous sommes s’appelle aussi Ka-pika ; c’est son nom que tu as cru entendre !

Le fagot brûlait… La flamme atteignit bientôt les poils du blaireau. À la première sensation de la douleur, celui-ci poussa un cri d’effroi ! Puis, la souffrance devenant de plus en plus cuisante, il se roula sur le sol, avec des contorsions horribles ; enfin, n’en pouvant plus, il se précipita au bas de la montagne, et s’enfuit dans sa tanière, où il passa la nuit dans d’ affreuses tortures.

Le lendemain matin, le lièvre vint lui faire une seconde visite :

— Camarade, lui dit-il, avec une tendresse feinte, il t’est survenu hier une aventure fort désagréable ! J’ai eu pitié de toi. Je suis allé trouver un pharmacien de mes amis. Il m’a remis ce remède. Bois-le ce soir, avant de t’endormir, et demain tes souffrances auront complètement disparu.