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Et c’est moi-même qui m’en charge. Foi de lièvre, vous n’attendrez pas longtemps !

Là-dessus tous les trois se firent les saluts d’usage ; le lièvre prit congé de ses amis et retourna dans son gîte, pour ruminer son plan.

Le blaireau, dans son terrier, s’ennuyait à mourir. À quelque temps de là, le lièvre vint le voir :

— Camarade, lui dit-il en entrant, que-se passet-il donc ? On ne te voit plus dans les champs. Serais-tu par hasard malade ?

Le blaireau ne voulut pas expliquer à son visiteur le vrai motif pour lequel il se tenait caché, et lui répondit qu’en effet, il se sentait un peu malade.

— Mon cher, repartit alors le lièvre, ce n’est pas en restant ainsi enfermé que tu te guériras. Regarde quel temps splendide nous avons aujourd’hui ! Voyous ! ne viens-tu pas faire avec moi un tour de promenade ? Nous irons à la montagne où nous ramasserons du menu bois.

Le blaireau, d’un côté, s’ennuyait à mourir. De l′autre, il n’avait aucun motif de soupçonner le joli lièvre blanc de lui vouloir du mal. Ce fut donc sans hésiter qu’il accepta la proposition. Ils partent bras dessus bras dessous, s’en vont dans la montagne, ramassent de menus branchages, en font des fagots et se les attachent mutuellement sur le dos. Puis, ils se disposent à redescendre. Le lièvre avait apporté un briquet : car le lièvre avait son plan. Profitant d’un moment ou son compagnon est distrait, il passe doucement, derrière lui, bat le briquet pour