Page:Ferrand - Fables et légendes du Japon, 1903.djvu/34

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

enfin que le ciel est venu à leur secours… Ils tombent à genoux, remercient les dieux, pleurent, se félicitent, s’embrassent…

Le lendemain de ce jour mémorable, les deux époux s’entretenaient ensemble sur les moyens de se venger du blaireau qui leur avait fait tant de mal. Qu’était en effet devenu le blaireau ? Il s’était réfugié dans sa tanière et, craignant à juste titre les représailles du vieux, il n’osait plus en sortir.

Les deux époux causaient donc ensemble. Tout à coup, un bruit léger de pas. se fit entendre à la porte de la cabane. Une voix très douce demanda la permission d’entrer. C'était le lièvre, le joli lièvre blanc qui habite dans la montagne, et qui venait leur faire visite.

Le lièvre n'est pas méchant comme le blaireau ! Aussi les deux époux le reçurent très poliment. Ils le firent asseoir auprès d’eux, et lui offrirent du thé. Alors le vieillard lui raconta comme quoi le blaireau avait assommé sa femme et la lui avait fait manger ; comment lui, de désespoir, s’était ouvert le ventre, qu’une divinité étant alors apparue avait rendu la vie à la vieille et guéri sa propre blessure. Ensuite il lui parla de leurs projets de vengeance, et lui demanda s’il ne connaîtrait pas un moyen de s’emparer du blaireau.

— Chers amis, répondit le lièvre, après avoir en silence écouté cet étrange récit, ne vous mettez pas en peine. Vous voulez une vengeance ? Vous l’aurez.