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causés la nuit dernière. À mon retour, nous le mettrons à la marmite. Ce doit être très bon, la viande de blaireau !

Là-dessus, il prend ses instruments, et va au travail, confiant l′animal à la garde de Tora.

La position du blaireau n’était pas intéressante, et la perspective d’être mangé le soir ne lui souriait pas du tout. Il réfléchit longtemps au moyen de sortir d’une situation aussi peu agréable. Les blaireaux ont bien des ruses dans leur sac ! Il choisit celle qui, vu les circonstances présentes, lui sembla la meilleure.

La bonne vieille est en train de piler du riz :

— Pauvre femme ! lui dit-il d’une voix compatissante, je souffre de te voir travailler de la sorte, à ton âge. Cela doit te fatiguer beaucoup. Veux-tu me permettre de t’aider ? Passe-moi le pilon. Je ferai la besogne à ta place ; pendant ce temps, tu te reposeras.

— Que me chantes-tu là ? répond la vieille en le regardant. Ah ! oui, je vois bien ce que tu désires. Tu veux que je te détache. Puis, tu fileras, sans me dire au revoir. Pas de ça, mon ami ! Que dirait mon mari, en rentrant, s’il ne te trouvait plus là ? Non, non, reste où tu es, et laisse-moi tranquille.

Le blaireau ne se décourage pas de ce premier insuccès :

— Je comprends fort bien tes craintes, reprend-il. Tu crois que je veux m’échapper… On voit que tu ne me connais guère… Nous autres blaireaux, nous