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moi les montres ; je vais les lui porter. Et attendez-moi ici, ce ne sera pas long.

L’horloger sans méfiance passe la boîte à Aki, et les montres vont rejoindre la tasse de tout à l’heure dans les profondeurs de sa manche…

La jeune fille se rend à la cuisine, où elle retrouve Mme Osandon :

— Excusez-moi, dit-elle en entrant, je me suis effectivement trompée. Ce n’est pas chez M. le ministre Sanjo que mon père m’envoyait, mais bien chez un certain M. Sonjo. Pardonnez-moi le dérangement que je vous ai occasionné tantôt.

— Il n’y a pas de quoi, Mademoiselle, répond la cuisinière ; tout le monde peut se tromper.

Aki reprend donc le panier aux poissons qu’elle avait déposé à la cuisine, vous commencez à comprendre dans quel but. Elle salue la bonne, et revient vers la cour, où attendait l’horloger.

— Madame est en train d’examiner les montres, dit-elle ; dès qu’elle aura fait son choix, elle doit vous faire appeler. Patientez encore quelques secondes, et veuillez m’excuser ; il faut que j’aille porter ces poissons à une amie de Madame.

Là-dessus elle le quitte et sort de la cour.

L’horloger, qui la voit sortir, un panier de poissons au bras, alors qu’elle est entrée les mains vides, n’a pas un instant la pensée de douter qu’elle soit une domestique de Mme Sanjo. Il ne soupçonne pas, le brave homme que, dans la manche de cette fille qui vient de sortir, reposent insouciantes les