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— C’est le portail du palais, répond-elle.

Et, à mesure qu’ils approchent, le portail semble grandir, et se teinter de couleurs brillantes.

Ils arrivent enfin. La tortue dépose son cavalier sur du sable, dont chaque grain est une perle. Le pêcheur peut voir alors que le portail est en or massif, incrusté de pierreries.

Deux énormes dragons en gardent l’entrée. Ils ont un corps de cheval, une tête et des griffes de lion, des ailes d’aigle et une queue de serpent. Leur aspect est terrible ; néanmoins, c’est d’un regard plein de douceur qu’ils fixent le nouvel arrivé.

La tortue seule avait pénétré sous le porche. Elle en sortit bientôt, accompagnée d’une multitude de poissons. Il y en avait de toutes les grandeurs et de toutes les formes. Chacune des espèces que renferme l’Océan était représentée. Ils portaient tous la livrée de la déesse, couleur d’azur et galons d’argent. Ils s’avancèrent au-devant du pêcheur et le saluèrent jusqu’à terre, avec toutes les marques de la sympathie et du respect.


Le brave Taro ne comprenait rien à toutes ces choses ; mais, sachant très bien qu’on ne lui voulait aucun mal, il se laissa faire. On le dépouilla de son costume de pêche, et on le revêtit d’une magnifique robe de soie. On lui attacha aux pieds des pantoufles de velours ; puis un page charmant, le prenant par la main, l’introduisit dans le palais.

S’appuyant sur une rampe d’ivoire, il monte les sept degrés d’un escalier de marbre, et arrive devant