Que ferait Bérenger sans secrétaire ?
De quoi parlerait-il, ce sénateur ?
De la bett’rave ou de la pomm’ de terre.
Ah ! le sale o… [1] ah ! le sale orateur !
Peut-être même oserait-il se taire !
Et l’on verrait, — c’est affreux d’y songer ! —
Un homm’ tel qu’un sénateur ne rien faire,
Sans l’secrétair’ de Monsieur Bérenger !
Infiniment lettré, ce secrétaire
Excelle à découvrir, à chaque pas,
Dans les plus chastes livres de la terre,
Les intentions que l’auteur n’y met pas.
Dans Tartarin non moins que dans Tartuffe
Il trouve à dire, il trouve à corriger.
En cherchant bien, il trouverait… des truffes,
Le secrétair’ de Monsieur Bérenger !
Son œil d’artiste, en peinture, en sculpture,
Va droit à tout ce qui n’est pas décent.
Mais ce don merveilleux de la nature
Pour son orgueil est joliment vexant.
Aux deux Salons, Mercier, Rodin, Falguière,
Sain, Bouguereau semblent s’encourager
À qui fera voir le plus beau derrière
Au secrétair’ de Monsieur Bérenger.
- ↑ Se reprendre comme sur un lapsus.