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II

 
Et plus on cherche à l’éclaircir,
Plus ce point semble s’obscurcir.
Ce jour-là, personn’ n’avait l’temps
De surveiller les combattants.
Devill’ lançait des encriers,
Gérault-Richard ses deux souliers,
Et Chauvièr’, la mine à l’envers,
Parlait d’Cambronne à mots couverts.

Alors chacun raconte à sa manière.
L’un dit : « Par devant ! » L’autr’ dit : « Par derrière ! »
D’Bernis prétend que Jaurès s’est r’tourné.
Qu’il a r’çu l’coup dans l’nez ! dans l’nez ! dans l’nez !
Jaurès dit d’un ton convaincu :
« Dans l’… ! dans l’dos ! dans l’dos ! »
Et Chauvière, persuadé
Qu’ils n’pourront jamais s’accorder,
Est en…nuyé !


verse eut lieu réellement. Lorsque M. de Bernis, insuffisamment satisfait de la réparation spontanée qu’il s’était offerte, eut provoqué le tribun socialiste, le quatuor des témoins discuta compendieusement la question du « devant-derrière. »

M. Jaurès affirmait qu’il avait été frappé au visage, en montrant sa bravoure. M. de Bernis soutenait que c’était, tout au contraire, son dédain qu’il avait fait voir. Et il apparut que le premier accepterait, malgré les coups, le principe d’une réparation, si son agresseur consentait à abandonner sa manière de l’avoir vu.

Mais M. de Bernis la soutint mordicus.

M. Jaurès porta alors son affaire devant les tribunaux qui ne lui virent pas d’issue.

Quelques mois après ; le Suffrage Universel, qui aime les plaisanteries faciles, mit les deux adversaires d’accord en les blackboulant dos à dos.