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V

Il tira sa coup’jusqu’à Saint-Pétersbourg ;
Fut r’çu comme le dieu Neptune.
Puis il dit au Tzar : « Pour fêter ce grand jour,
L’Alliance me semble opportune.
— Oh ! pour ça, répondit l’Emp’reur,
Je l’regrett’ beaucoup, mais je suis un croiseur
De la marin de vos États
Autrement dit, je n’marche pas ! »

VI

Le pauvr’ Président, pensant à son marmot,
Se raidit, et dit : « Voyons, sire,
Sûr’ment ce n’est pas là votre, dernier mot ! »
Puis il sortit son grand sourire ;
Ce sourire tant séducteur
Qui, jadis, au Havre, empaumait l’armateur ;
Que nulle ovation ne lassa ;
Le sourir’ du « Et avec ça ? »

VII

Le Tzar succomba. Joyeux, le Président
Rapporta l’Alliance à Marianne.
Marianne, aussitôt, dit : « ’Veux voir c’qu’i y a d’dans !…
Ça s’ouvre pas ?… Prêt-moi ta canne !… »[1]

  1. Bougie.— L’opposition avait longtemps crié qu’une « entente » n’était pas un traité d’alliance. Le gouvernement ayant fait répandre le bruit qu’il avait obtenu un traité secret, elle avait insolemment refusé d’y croire. Aussi, quand, lors du voyage du Président, ledit traité eût été proclamé, elle insinua qu’en somme on n’en connaissait pas les termes. Si on avait eu la candeur d’en ordonner l’affichage, elle eut certainement ricané : « La signature du Tzar n’est pas légalisée ! » En pareil cas, il n’y a qu’un mot à répondre, un seul.