Page:Ferland - La Gaspésie, 1877.djvu/80

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
80
La Gaspésie

lumière. Au moment où nous l’atteignons, le soleil luit au-dessus de nos têtes ; un instant après, nous sommes plongés dans une nuit, qui ne permet pas de distinguer un homme, d’un bout à l’autre de la goëlette. Cette transition est subite ; le changement se fait complet, tranché, comme celui qui s’opéra devant les anges rebelles, lorsqu’ils tombèrent de la splendeur des cieux dans la nuit des enfers.

Fréquemment, au milieu de ces brumes, des navires poussés par un vent favorable, et n’ayant point vu de terres depuis leur départ d’un port européen, vont se briser contre les rochers du Fourillon, ou les côtes basses du cap des Rosiers. D’autres entrent, à pleines voiles, dans la baie de Gaspé, croyant remonter le Saint-Laurent. Il y a deux ans, un bâtiment, qui naviguait ainsi dans de profondes ténèbres, s’échoua brusquement sur un banc de sable. Comme le capitaine se croyait en plein fleuve, il ne pou-