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La Gaspésie

tribord ; sur son pont sont rangés une douzaine de gaillards, qui semblent prêts à tenter une aventure. Noire, lourde, se traînant péniblement sur les eaux, elle a la mine lugubre de ce mystérieux vaisseau de la mort, qui, suivant les marins anglais, se révèle, la nuit de la mi-été, à quelque bâtiment condamné à périr. Eh bien ! les ténèbres qui se répandent sur les flots, nous annoncent précisément le commencement de cette nuit terrible.

Après tout, ce n’est pas le « flying Dutchman » des Anglais, mais bien un baleinier de la baie de Gaspé, portant ses deux barges, longues, étroites et légères ; il est monté par le nombre d’hommes nécessaire pour faire la pêche de la baleine. Cette goëlette croise ordinairement entre l’île d’Anticosti et la côte du sud, parage où les baleines sont nombreuses. En effet, depuis quelques jours, à peine se passe-t-il une heure sans que nous en voyions plusieurs